Messieurs les Commissaires enquêteurs,
Dans le cadre de l’enquête publique relative au projet de construction d’une unité de méthanisation à Corcoué-sur-Logne sollicitée par la société METHA-HERBAUGES, le groupe des élus Printemps des Pays de la Loire au Conseil régional souhaite mettre en avant plusieurs problèmes majeurs associés à ce projet qui ne répond pas aux objectifs gouvernementaux pour faire face au défi climatique.
Au préalable, les élus régionaux du groupe Printemps des Pays de la Loire souhaitent rappeler qu’ils ne sont pas opposés au principe de méthanisation. Il incarne une solution à développer dans le cadre du mix énergétique nécessaire à la reconquête de notre souveraineté nationale en la matière. Cette production permet également d’assurer aux agriculteurs, un complément de revenu indispensable au soutien de celles et ceux qui œuvrent chaque jour à la production de notre alimentation. Cependant la méthanisation doit se faire avec vigilance au regard des risques d’impact sur les sols et sur l’environnement.
Le projet porté par la société METHA-HERBAUGES appelle les remarques suivantes :
Risque élevé d’émission de gaz à effet de serre :
Dans la mission d’information du Sénat sur « la méthanisation dans le mix énergétique : enjeux et impacts » il est précisé que “les pertes globales de méthane à l’échelle d’une installation, en conditions nominales et optimisées, s’élèvent plutôt à une valeur comprise entre 1 et 6 % du méthane produit. À ces émissions directes, il faut ajouter des émissions de CO2 indirectes survenant au cours du processus, notamment à l’occasion du transport des intrants – en amont – et du digestat – en aval”
Nous souhaitons que le bilan global, de la production des effluents et intrants jusqu’à l’injection du gaz puisse être connus et comparés aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre prévus à l’horizon 2050.
Risque de remplacement des cultures alimentaires, la CIVE en question :
Le projet de méthanisation de Corcoué-sur-Logne prévoit 20% de CIVE – (Cultures Intermédiaires à Vocation Énergétique). Actuellement, l’utilisation de cultures dites principales est encadrée mais non contrôlée dans le cadre des projets de méthanisation. Les CIVES, qui sont des couverts végétaux récoltés et qui de fait ne retournent pas au sol directement, ce qui est leur vocation première, présentent un pouvoir méthanogène de 2 à 10 supérieurs aux effluents d’élevages classiques. On comprend assez vite le risque majeur d’accroissement des volumes de CIVES dans la ration d’un méthaniseur, et la nécessité de mieux préciser les limites de ces cultures (tonnages par HA, proportion maximale à l’échelle de chaque ferme) pour afin d’éviter toute dérive qui pourrait avoir mécaniquement des conséquences sur le potentiel des sols. Nous affirmons que bien que les documents de présentation du projet précisent que “les CIVES seront produits de manière à ne pas entrer en concurrence avec la filière alimentaire”, une dérive du système afin d’assurer sa rentabilité est très probable. Plus généralement, les procédures nécessaires à la transparence des itinéraires culturaux de l’ensemble des intrants sont absentes du dossier, rendant celui-ci irrecevable à nos yeux.
Ne règle en aucun cas le problème de l’azote.
L’azote produit par les différents intrants connus reste le même, c’est bien la manière et le positionnement des épandages qui peuvent faire la différence. La méthanisation permet d’obtenir de l’azote immédiatement disponible pour les cultures, ce qui est la caractéristique des engrais minéraux (ammonitrate, urée etc…)
Les plans d’épandage ne sont pas suffisamment explicites et précis dans les documents présentés alors que ces informations sont indispensables pour évaluer le risque de pollution des eaux.
Acceptabilité par la population :
En dernière analyse, l’unité de production envisagée à Corcoué-sur-Logne fournit une illustration édifiante du problème d’acceptabilité sociale posé par les installations de méthanisation ayant une taille manifestement déraisonnable.
Cette succession de constats – non exhaustifs – nous amènent à considérer que le dossier présenté ne permet pas de répondre aux questions principales que posent de telles installations.
Pour toutes ces raisons, nous émettons un avis défavorable à ce projet qui ne se montre pas en adéquation avec l’impératif climatique et l’impératif de préservation écologique. Les élus régionaux du groupe Printemps des Pays de la Loire se tiennent à la disposition des parties prenantes à ce projet pour exposer plus en détails cette contribution.
Nous vous prions d’agréer, Messieurs les Commissaires enquêteurs, l’expression de nos sincères salutations.
Pour les Conseillers régionaux du groupe Printemps des Pays de la Loire,
Guillaume Garot (53)
Cécile Dreure (85)
Dominique Deniaud (44)
Jean-Louis Belliard (49)